ALEM SAID
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GENRE LITTERAIRE 1

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Message  orecan27 Mer 3 Déc - 22:50

Si la notion de type de texte est assez claire (le texte se définit en fonction de son intention et de son type d'organisation ; voyez notre tableau), la notion de genre littéraire est plus floue : dans chaque grand genre (roman, poésie, théâtre, argumentation), certains textes obéissent néanmoins à un système d'énonciation comparable, sont traversés d'un même registre (l'impression particulière ressentie par le lecteur) ou traitent des thèmes convergents. On se tiendra à cette définition sommaire pour recenser les genres littéraires les plus fréquents, sans oublier que le propre de l'écrivain est de faire voler en éclat les prétendues barrières entre les genres :

AUTOBIOGRAPHIQUE

Approche du genre : les trois radicaux grecs qui constituent le mot définissent l'autobiographie comme "l'écriture de sa propre vie". Peu répandu dans l'Antiquité, le genre éclôt vraiment avec l'humanisme occidental et la réhabilitation de l'individu (« Je suis moi-même la matière de mon livre », affirme Montaigne au début des Essais, qui constituent l'œuvre la plus authentiquement autobiographique... et la plus inclassable).
Formes dominantes :
Types de discours : narratif, descriptif.
La fonction expressive est évidemment dominante (je, moi) : mais si les réflexions, les sentiments concernent l'expérience personnelle, l'autobiographe n'a de cesse de prendre à témoin son lecteur auquel il donne le statut de témoin, juge ou confident, et obéit à une visée universelle qui le fait homme parmi les hommes.
La pacte de sincérité qui est à la base de l'entreprise autobiographique n'exclut pas une certaine manipulation, consciente ou non. L'auteur "transforme son expérience en destin" (Malraux), fournit des arguments propres à le déculpabiliser (Rousseau) ou cède au simple plaisir de raconter. Refusant plus ou moins la "littérature", il en donne enfin les plus éclatants exemples (Sartre).
Texte théorique :
Philippe Lejeune : Le pacte autobiographique.
Œuvres caractéristiques :
Confessions : racontant sa vie, l'auteur peut avouer ses erreurs et chercher à les justifier (saint Augustin, J.J. Rousseau).
Journal intime : l'auteur confie au jour le jour à ses carnets anecdotes et réflexions (A. Gide, J. Green).
Mémoires : l'auteur est conscient d'avoir joué dans l'Histoire un rôle digne d'être rapporté (Chateaubriand : Mémoires d'outre-tombe) et décide de fondre son "misérable tas de secrets" dans ce par quoi il rejoint les mythes universels (A. Malraux : Antimémoires). Il choisit au contraire de dénoncer sa légende (J.P. Sartre : Les mots).
Autoportraits : l'auteur part à la recherche de soi à travers une trame non linéaire où, à la manière d'un puzzle, se dessine peu à peu sa personnalité (M. Leiris : L'âge d'homme ; R. Barthes : Roland Barthes par lui-même).
"Autofiction" : le terme a été inventé par Serge Doubrovski (Fils, 1977). Désigné clairement comme "roman", le récit de vie confond néanmoins auteur et personnage, au contraire du roman autobiographique qui met en scène des personnages au nom fictif (J. Vallès : L'Enfant).
Exemple :
le solennel pacte autobiographique du préambule des Confessions de J.J. Rousseau :
Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi.
Moi seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus ; j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m'a jeté, c'est ce dont on ne peut juger qu'après m'avoir lu.
Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra ; je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement : voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé, ce que je fus. J'ai dit le bien et le mal avec la même franchise. Je n'ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon, et s'il m'est arrivé d'employer quelque ornement indifférent, ce n'a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire ; j'ai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu l'être, jamais ce que je savais être faux. Je me suis montré tel que je fus, méprisable et vil quand je l'ai été, bon, généreux, sublime, quand je l'ai été: j'ai dévoilé mon intérieur tel que tu l'as vu toi-même. Être éternel, rassemble autour de moi l'innombrable foule de mes semblables; qu'ils écoutent mes confessions, qu'ils gémissent de mes indignités, qu'ils rougissent de mes misères. Que chacun d'eux découvre à son tour son cœur au pied de ton trône avec la même sincérité ; et puis qu'un seul te dise, s'il l'ose : Je fus meilleur que cet homme-là.

COMIQUE

Approche du genre : le mot "comique" (du grec kômos, fête carnavalesque et rurale en l'honneur de Dionysos) désignait dans l'Antiquité toute pièce de théâtre. A partir du XVII° siècle, il qualifie les œuvres essentiellement théâtrales (les comédies) qui s'opposent à la tragédie dans leur finalité, qui est le rire, et leur dénouement heureux. Le registre comique s'applique à des sujets ordinaires, traités dans un style familier, où souvent domine l'intention satirique et morale : la comédie "châtie les mœurs en riant", tournant en ridicule des caractères ou des vices à la mode.
Formes dominantes :
Types de texte : théâtral, narratif.
comiques de caractère (personnages pittoresques en proie à une passion), de situation (imbroglio, quiproquos), de mots (calembours), de mœurs (satire sociale).
registres : burlesque, héroï-comique, ironique, satirique.
le rire est provoqué par la dénonciation caricaturale des ridicules et par l'expression mécanisée d'une passion.
Textes théoriques :
Aristote : Poétique - Molière : L'Impromptu de Versailles, Critique de L'Ecole des Femmes - N. Boileau : Art poétique - V. Hugo : Préface de Cromwell - H. Bergson : Le Rire - Ch. Mauron : Psychocritique du genre comique.
Œuvres caractéristiques :
la comédie de mœurs tourne en dérision un travers à la mode (Molière, Tartuffe),
la comédie d'intrigue est davantage occupée par la conduite de l'action (P. Corneille : L'Illusion comique) et les jeux de scène (quiproquo, imbroglio de la commedia dell'arte ; vaudeville : Labiche, Feydeau),
la comédie de caractères dépeint les ravages d'une passion (Molière, L'Avare).
la farce, héritée du Moyen-Age, où elle était destinée à servir d'entracte aux mystères religieux (La farce de Maître Pathelin), est une pièce bouffonne qui, dans une intrigue stéréotypée, met en scène des personnages populaires au langage grossier (Molière, La Jalousie du Barbouillé) ; la sotie (XV° siècle) ajoute à ces procédés une attaque hardie contre les pouvoirs établis.
saynètes, sketches (R. Devos), intermèdes, divertissements sont des genres libres et variés.
la parodie (Scarron : Le Virgile travesti) caricature une œuvre d'art dans une intention burlesque ; le pastiche (M. Proust : Pastiches et mélanges), dans une intention plus fine, imite les traits caractéristiques du style d'un écrivain.
dans le roman, le registre comique prend diverses formes : héroï-comique (Rabelais, Gargantua), pittoresque (Scarron, Roman comique ; Maupassant, Contes normands).
Exemple :
une comédie de mœurs : voyez la scène VI de L'Île des Esclaves de Marivaux.

DIDACTIQUE

Approche du genre : le genre argumentatif est ici concerné au premier chef dans son intention d'informer autant que de convaincre. Le mot "didactique" est formé sur le supin (didactum) du verbe latin discere (apprendre). Les œuvres qui entrent dans le genre didactique ne se caractérisent pas toujours par une simple fonction référentielle, et c'est à ce titre qu'elles font partie de la littérature. De fait, nous ferons entrer dans cette catégorie un ensemble de textes où, si le propos est toujours d'instruire, les formes sont extrêmement diverses, que la littérature entreprenne de réfléchir sur elle-même ou qu'elle s'allie à toutes les sciences humaines.
Formes dominantes :
Types de texte : explicatif, argumentatif, narratif, descriptif, poétique.
Le registre didactique, sous la diversité des formes que nous recensons dans ce genre, se caractérise essentiellement par l'alternance entre les fonctions référentielle et expressive, celle-ci garantissant que la littérature retrouve bien ses droits derrière l'érudition. Selon les sous-genres (manifeste littéraire), la tonalité peut être injonctive.
Œuvres caractéristiques :
L'essai propose un discours argumenté sur un problème d'ordre divers (art, culture société). Souvent lié à la simple compilation (littérature d'érudition du XVII° siècle), il a évolué vers une réflexion personnelle sans souci d'exhaustivité (Voltaire : Essai sur les mœurs ; Chateaubriand : Essai sur les révolutions).
Chronique historique : présente dans l'Antiquité (Thucydide, Tacite) et le Moyen-Age (Joinville, Villehardouin), l'Histoire devient une science sous l'impulsion de la méthode expérimentale chère aux philosophes (Voltaire : Le siècle de Louis XIV), sans pour autant renoncer aux pouvoirs visionnaires de l'imagination (J. Michelet : Histoire de France). L'"école des Annales" inaugure une histoire capable de saisir jusqu'à la minutie, à l'instar du roman, la vie des petites gens (E. Leroy-Ladurie : Montaillou, village occitan).
Biographie : distincte de l'hagiographie (récit édifiant de la vie des saints), la biographie s'est largement répandue à mesure que de plus en plus de personnages s'imposaient à une actualité fortement médiatisée. Elle touche surtout à la littérature quand elle est le fait des écrivains eux-mêmes (Chateaubriand : Vie de Rancé ; J. Michelet : Jeanne d'Arc ; J. Green : Frère François) ou qu'elle sait, par sympathie, en épouser, l'esprit (J. Lacouture : André Malraux ; François Mauriac).
Manifeste littéraire : émanation d'un groupe ou d'une école dont il expose les principes, le manifeste peut prendre la forme de la préface (V. Hugo : Préface de Cromwell), de l'opuscule (Défense et illustration de la langue française de J. Du Bellay ; Art poétique de N. Boileau ; Manifeste du surréalisme d'A. Breton), du tract (A la niche les glapisseurs de dieu ! du groupe surréaliste), d'un simple texte (Fonction du poète de V. Hugo ; Les collines, La Jolie rousse de G. Apollinaire) ou d'une lettre (Lettre à P. Demeny d'A. Rimbaud).
Genres moraux : les maximes sont des sentences exprimant, sous forme de vérités générales, une expérience morale. La maxime (et ses variétés : aphorisme, apophtegme, proverbe) s'est épanouie dans l'âge classique, soucieux de codifier les passions (La Rochefoucauld, Chamfort, Vauvenargues). C'est sous forme de maximes que s'achèvent souvent les fables (La Fontaine), les apologues (paraboles évangéliques; récits et anecdotes exploités par les philosophes du XVIII° : Fontenelle, Montesquieu, Voltaire), les portraits (La Bruyère, Caractères), où domine néanmoins le récit.
Genre philosophique : qu'il s'agisse d'essais (Montaigne), de dialogues (Diderot), de traités (Descartes), de pensées (Pascal) ou de dictionnaires (Voltaire, Dictionnaire philosophique ; Diderot et alii, Encyclopédie), il n'est pas toujours aisé de séparer la philosophie de la littérature, même si l'on se souvient que, pour Proust, une thèse dans un roman fait l'effet d'un coup de revolver dans un salon. L'œuvre d'un Bergson se signale par une évidente qualité formelle. Mais, si l'on consent à excepter les philosophes, on conviendra qu'une part non négligeable de la poésie classique et même romantique (Voltaire, Hölderlin, Hugo) ressortit à l'interrogation philosophique, comme le roman (A. Camus : La Peste, J.P. Sartre : La Nausée) ou le conte justement dit "philosophique" (Voltaire : Candide, Zadig).
Critique littéraire : née avec la codification des règles classiques (N. Boileau : Réflexion VII sur Longin), la critique s'est diversifiée dès le XIX° siècle : Sainte-Beuve (Lundis), Taine prétendent expliquer la création par la biographie de l'écrivain et son milieu. Conception dénoncée par M. Proust (Contre Sainte-Beuve) et déjà infirmée par l'intuition fraternelle et passionnée de Ch. Baudelaire (Curiosités esthétiques). Au XX°siècle, pendant que s'épanouit la critique universitaire (A. Thibaudet , Physiologie de la critique), les méthodes psychanalytiques (G. Bachelard, Ch. Mauron, G. Poulet) et l'apport des sciences du langage (G. Genette, Figures ; R. Barthes, Le degré zéro de l'écriture ; J. Rousset, Forme et signification) tendent à effacer la personne de l'écrivain pour n'y plus voir que le lieu de passage d'un langage et de formes où l'humanité trouve ses significations fondamentales.
Exemple :
un manifeste littéraire : P. Verlaine - Art poétique (Jadis et naguère).
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.

C'est des beaux yeux derrière des voiles,
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est, par un ciel d'automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles !

Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L'Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine ! Prends l'éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?

O qui dira les torts de la Rime ?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.

orecan27

Messages : 16
Date d'inscription : 01/12/2008

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